Polarités

Les Polarités

Dans le regain d’intérêt assez récent des homéopathes allemands pour le Therapeutisches Taschenbuch de C.M. von Bönninghausen, le concept de polarité est un facteur qui, nous le pensons, a joué un rôle important. La polarité peut être intégrée assez facilement dans les logiciels de répertorisation, et outre son aspect esthétique et séduisant, elle apporte un élément supplémentaire de décision dans la sélection du remède. Le Manuel de Boenninghausen est particulièrement approprié à ces considérations de polarité avec certaines rubriques qui ont une contre-rubrique naturelle et forment ainsi un duo rubrique et contre-rubrique.

A l’exemple de:

  • Modalités – Agg   – air – en plein air, dehors
  • Modalités – Amel – air – en plein air, dehors

Moins évident est:

  • Sensations – Général – piquer (Sensation de), douleur aigue, en point, élancement – du haut vers le bas
  • Sensations – Général – piquer (Sensation de), douleur aigue, en point, élancement – du bas vers le haut

Il reste une part de subjectivité dans le choix des duos polaires et on peut en définir plus ou moins. En intégrer trop dans un logiciel ferait perdre de la pertinence et surtout de l’efficacité à cette technique. Boenninghausen n’est pas à l’origine du terme « polarité » et l’idée même n’apparaît pas, à notre connaissance, dans ses écrits, mais peut-on concevoir qu’il n’ait pas eu l’idée de comparer les remèdes de rubriques “opposées” dans sa sélection des remèdes les plus susceptibles de produire des symptômes correspondant à ceux de ses patients ?

Le symptôme suivant, issu d’un cas réel, est répertorisé avec le logiciel Homeosoft (voir la grille de répertorisation formant la bannière du site en haut de cette page):

« Douleur dans l’articulation de la hanche comme si elle se contractait de plus en plus, < par la station debout, par paroxysmes répétés. »1

Il s’agit d’un symptôme complet2 avec une localisation, deux sensations et une modalité. Pour être rigoureux on devrait dire deux symptômes complets. Le diagnostique posé est celui d’une sciatique avec hernie discale, confirmé par l’imagerie médicale. Le médecin interroge la malade en premier lieu sur les douleurs dont elle se plaint, et il trouve bien souvent dans le local des éléments de symptômes assez singuliers pour le conduire à une première sélection de remèdes. Sa connaissance de la matière médicale et son expérience clinique peuvent alors l’orienter parmi ces remèdes. S’il manque de temps et est contraint de faire un choix rapide, il pourra poser quelques questions générales pour confirmer son sentiment; la patiente a-t-elle toujours trop chaud ? A-t-elle une fatigue ou un besoin de dormir à 14h ? SULFUR. C’est suffisant, dirons-nous, pour tenter une dose unique sèche3 minimale de la 30c et voir si après 2-3 jours (cas chronique), une réaction curative a commencé. Une méthode plus rigoureuse consiste à chercher à connaitre les symptômes dits « concomitants » qui pourraient toucher d’autres parties de l’organisme et sont en corrélation temporelle4 avec la souffrance principale. Une anxiété qui naît avec le paroxysme et disparaît avec lui est un élément concomitant. Cette même anxiété ressentie vaguement tout au long de la journée ou même plus fortement à des moments déconnectés des paroxysmes ne peut être considérée a priori comme un concomitant et sera écartée du groupe d’éléments de symptômes retenus.

Cette anxiété, si elle est un concomitant, n’a rien de pathognomonique dans un cas de sciatique: elle est à plus forte raison une expression de l’énergie vitale perturbée et doit trouver une attention toute particulière.

« Quand de semblables symptômes se présentent, il faut les chercher parmi les symptômes caractéristiques du plus ou moins grand nombre de médicaments rangés sous cette rubrique5. »

Le sens de la phrase ne nous paraît pas évident; faut-il sélectionner dans cette rubrique les remèdes ayant un degré haut 3-4 ? Le logiciel Homeosoft permet de donner un caractère éliminatoire à une rubrique et seuls seront conservés dans la grille d’évaluation les remèdes de cette rubrique ayant un degré 1-4 ou bien 3-4.

Cependant si l’anxiété est singulière cliniquement pour un cas de sciatique6, elle ne l’est pas pour la Matière Médicale, car on la trouve chez un grand nombre de remèdes. Dans le cas en question, il n’y avait pas d’anxiété, cela aurait remis en question notre sentiment en faveur de SULFUR même s’il est au degré 3 dans la rubrique « Anxiété ».

Transversalement le praticien s’attache à trouver la perle rare, une singularité au sens du §153 de l’Organon, qui placera haut au-dessus du lot l’un des remèdes initialement sélectionnés (ou un autre…). Un symptôme singulier pour la Matière Médicale, idéalement « pathognomonique d’aucune pathologie » comme l’a écrit G.H.G Jahr7, également élève et proche de Hahnemann. Si à la place de l’anxiété, la patiente exprime « C’est bizarre docteur, lorsque j’ai mal, j’ai le sentiment que mon organisme est en train de se désagréger. » THUJA. Pourtant celui-ci n’arrive qu’en 37ème position dans la grille d’évaluation ! En l’occurrence il s’agissait d’une hypothèse d’école, mais ce type de cas arrive même s’il est peu fréquent. Boenninghausen nous avertit dans sa préface de ces situations qui semblent prendre en défaut son répertoire.

De la souffrance principale au reste du patient, le remède au final qui conduira l’homéopathe à se dire intérieurement « Ouah ! ». Mais bien souvent on ne tombe pas sur un symptôme clef, ou bien il n’y en a peut-être pas chez ce patient, ou bien plus vraisemblablement on ne l’interroge pas assez longuement, on n’ose pas le faire revenir… C’est dans ce cas que le manuel de Boenninghausen est si précieux. Même si, à défaut d’un sentiment d’assurance, on doit s’en remettre aux probabilités. Le remède sélectionné n’est peut-être pas le meilleur mais il peut être assez proche de lui pour susciter chez le patient auquel il est administré, outre un soulagement temporaire possible, aussi un ou plusieurs nouveaux symptômes jusqu’alors imperceptibles (Organon §163), qui conduiront le détective plus près de la solution. Le petit répertoire Relations 1853, également de Boenninghausen, qui est intégré à Homeosoft, est particulièrement approprié à cet usage. Il permet également d’orienter le choix vers un deuxième remède qui suit l’action favorable d’un premier qui a fait tout ce qu’il avait à faire, dans les cas fréquents où la pathologie montre une succession de stades différents.

Dans la quête du meilleur remède consulter la matière médicale pure devrait être systématique après avoir répertorisé le symptôme principal. Comme on ne s’attend pas à y trouver le groupe localisation + sensation + modalité, on se contentera des combinaisons à 2 éléments localisation + sensation, localisation + modalité et sensation + modalité. On y recherchera aussi les éléments isolés localisation, sensation ou modalité. Afin de se faire (méthode inductive) l’idée la plus précise possible de ce que le remède étudié est capable de produire avec ces éléments de symptôme. Une inadéquation totale entre ce symptôme et ce que révèle le proving peut conduire à écarter le remède en question.

  1. Cas réel de sciatique chronique guéri en quelques jours par la prise unique de 3 granules de Sulfur 30c. A noter que la sensation de « serrer de plus en plus » est une singularité à retenir comme sensation guérie par Sulfur. On trouve chez Sulfur dans l’encyclopédie de Hugues and Dake le symptôme : « A peculiar pain occupying a space size of a crown-piece, at first slight, but gradually growing more and more severe ».  Une recherche étendue dans la Matière Médicale permet de trouver de plus l’expression « became more and more » pour la toux et « extended more and more » pour une éruption de la peau. On est pas loin d’avoir déniché une caractéristique de ce remède; cela demande encore à être confirmé d’avantage cliniquement.
  2. Nous qualifions de « complet » ce symptôme sans concomitant
  3. Prudence tout de même avec les doses sèches, qui conviendront, il est vrai, à la plupart des patients sans causer d’aggravation primitive perceptible, mais utiliser de préférence des solutions diluées successivement dans un à plusieurs verres chez les patients à la sensibilité exacerbée et se garder de répéter une dose sèche identique dans une courte période
  4. Cette expression « corrélation temporelle » est de nous-même et pas de Bönninghausen. Ce dernier nous paraît moi stricte lorsqu’il qualifie un symptôme de symptôme concomitant.
  5. Manuel de Boenninghausen (1846), page XIX
  6. L’anxiété ne constitue pas un symptôme si elle est justifiée par une situation personnelle dans laquelle se trouve le malade. Une mère qui, à cause d’une sciatique, n’est plus en mesure d’emmener ses enfants à l’école et sans solution durant une période prolongée, sera anxieuse pour l’avenir de ses enfants. C’est seulement si cette anxiété revêt un caractère particulièrement intense qu’elle sera alors retenue.
  7. G.H.G Jahr, Pratique de l’Homœopthie, Edition J.B. Baillère, Paris, 1857/ Editions Roger Jollois, Limoges, 1991

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