Cas clinique relaté par Boenninghausen

Dans la préface de son Manuel de Thérapeutique Homéopathique, Boenninghausen donne l’exemple d’un cas clinique¹ résolu par l’utilisation de son répertoire²:

« E. N. de L., un homme d’une cinquantaine d’années, au teint florissant, presque trop rouge, d’humeur gaie en général mais enclin à des accès de colère avec excitation nerveuse lors des crises plus violentes, souffrait déjà depuis deux ou trois mois (suite au traitement allopathique passé d’une douleur « rhumatismale » de la cavité oculaire droite par des moyens extérieurs qui ne purent être connus) d’une sorte particulière de douleurs violentes à la jambe droite, qui touchait tous les muscles du côté postérieur, nommément le mollet, et jusqu’au talon, cependant pas l’articulation du genou  ni la cheville. Il décrivait la douleur elle-même comme un déchirement crampoïde fulgurant extrêmement douloureux, souvent interrompu par des élancements allant de l’intérieur vers l’extérieur, mais le matin, où la douleur est globalement beaucoup plus supportable, sourdement fouillante et comme une douleur de courbature. Les douleurs s’aggravent vers le soir et au repos, particulièrement après un mouvement, en position assise et debout, et ceci notamment à l’occasion d’une promenade en plein air. Pendant la marche même la douleur saute souvent soudainement du mollet droit au bras gauche, et devient ensuite la plus insupportable s’il place sa main dans sa poche de veste ou contre sa poitrine et garde le bras immobile, alors qu’elle est soulagée par le mouvement du bras et retourne alors souvent soudainement au mollet droit. Aller et venir à la maison et frictionner la partie souffrante apporte le meilleur soulagement. Les concomitants sont insomnie avant minuit; accès vespéraux revenant assez souvent de chaleur parcourant rapidement le corps, avec soif, pas précédée de frisson, avec goût rance répugnant dans la bouche et nausée dans la gorge ; et une douleur pressive presque constante dans la partie inférieure de la poitrine et dans le creux épigastrique, comme si à cette endroit quelque chose poussait fort et voulait sortir. »

Analyse du cas avec le logiciel Homeosoft

Nous avons sélectionné les rubriques du Manuel correspondant aux éléments de symptômes soulignés dans le texte ci-dessus et décrivant le cas³. Valeriana, le remède indiqué donné par Boenninghausen, arrive largement en tête avec un Grand Total⁴ égal à 68, suivi de de Stannum 56 et China 51.  Pulsatilla mentionné par l’auteur est triplement contre-indiqué (abréviation du remède sur fond noir dans la grille), d’une manière absolue pour la friction où il présente un rapport 0-4 (degrés en rouges dans la grille), d’une manière relative pour la colère avec un rapport 1-4. China également mentionné ne présente pas de contre-indication mais n’est pas connu pour avoir des douleurs après le mouvement. En plus des remèdes possibles mentionnés par l’auteur, Stannum est très bien placé, mais il lui manque les douleurs erratiques. Dans cet exemple nous avons pris pèle-mêle presque toutes les informations disponibles sans hiérarchiser et Valeriana se détache du remède suivant à tel point qu’on se demande si le recours à la matière médicale pure est nécessaire. Boenninghausen précise juste après la description du cas:

« En face d’un tableau si complet et si exact de la maladie… un homéopathe exercé n’hésitera pas longtemps sur le choix du médicament salutaire. »

Mais dans beaucoup d’autres cas, on devra se contenter d’une poignée de rubriques voire d’un seul symptôme complet: le résultat de la répertorisation informatique ne donne pas, dans cette circonstance, de remède qui se détache aussi clairement et il dépend fortement de la sélection des rubriques, qui doit être faite, pour cette raison, avec grand soin. Le répertoire de Boenninghausen est un outil précis qui requiert la même précision de la part de l’homéopathe qui interroge et note. Toutefois, en cas de doute entre plusieurs rubriques, le logiciel permet de grouper ces rubriques pour n’en former qu’une.

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